Les Portraits / Terra de Vida

Ce blog est dérivé du blog "TERRA DE VIDA" et reprend tous les billets (textes et photos) sur le thème des 'Portraits' des Portugais du Luxembourg.

Friday, November 18, 2005

Antero Fernandes Monteiro – une deuxième vie par l’écriture



Antero Fernandes Monteiro est un personnage qui marque de sa présence de très nombreuses manifestations portugaises. On le retrouve usuellement tout de suite à l’entrée de la salle, assis derrière une table couverte de livres, des ouvrages qu’il a écrit et qu’il propose en vente directe. Si les gens ne s’approchent pas de son présentoir, Antero n’est absolument pas embarrassé – un peu plus tard, on le voit en train de faire le tour des tables et d'entamer des conversations amicales qui lui vaudront peut-être de vendre l’un ou l’autre exemplaire en plus.

Antero Fernandes Monteiro est écrivain: il écrit et publie des livres, - des romans, des recueils de poésie, une autobiographie -, c’est là son activité principale. Mais Antero n’a pas toujours été écrivain. Sa vocation est née en 1997, quand il avait 45 ans. Antero dit de lui-même qu’auparavant il a été l’homme des sept professions.
Antero est né dans un petit village près de Chaves, au sein d’une famille pauvre. La vie dans le Portugal rural des années 50 est rude et sans pitié. À 12 ans, Antero rentre de plein pied dans le monde laboral, comme beaucoup d’autres enfants, il est obligé de contribuer à la subsistance de la famille. Naturellement, sa scolarité est interrompue.
Pendant quatre ans, Antero travaille en tant qu’aide-maçon. Dans sa seixième année, Antero travaille dans les récoltes puis dans une carrière de pierres. À 17 ans, il décide d’émigrer au Luxembourg. On est en 1969. Pour faire le ‘saut’ vers l’étranger, Antero a recours aux services d’un passeur. Au Luxembourg, Antero travaille successivement dans le secteur de la restauration, dans celui de la construction civile, et enfin dans une fabrique de metallurgie. Cependant, à partir de 1985, le ciel s’obscurcit pour Antero. En 1985, il est victime d’un accident de travail: on lui diagnostique une fibrose pulmonaire résultant de l’inhalation d’une substance radioactive (le cobalt) dans la fabrique où il travaille. Une thérapie intensive lui sauve la vie, mais Antero hérite d’une grave déficience pulmonaire (on lui déclare une invalidité de 40 % au niveau des poumons). Cette expérience marque le début d’une série de maladies consécutives pour Antero (ostéoporose, polyarthrite, trombose). Quand il atteint l’âge de 45 ans, Antero est déclaré invalide permanent. Il tombe dans une grave dépression pendant plus d’un an. On est en 1997. Après avoir atteint le gouffre de l’existence, Antero retrouve la force de se redresser, grâce à la foi chrétienne et grâce à l’écriture pour laquelle il se découvre une passion. Lui qui n’a jamais eu la chance ni les moyens de suivre des études, lui qui n’a jamais lu ni écrit grand chose, lui le ‘provincial’, il se met à écrire impulsivement. En l’espace de 9 ans, de 1997 à 2005, il rédige 27 ouvrages, dont 10 ont déjà été publiés. Ses premiers ouvrages sont édités en 2001, partiellement à compte d’auteur, partiellement avec l’aide de sponsors privés. C’est aussi à partir de ce moment-là qu’Antero prend à cœur la divulgation et la vente de ses livres. Dès le départ, Antero se propose de verser 60 % du produit des ventes à des œuvres caritatives, afin de venir en aide à tous les nécessiteux et les blessés de l’existence. En 4 ans, Antero réussit à vendre plusieurs milliers d’exemplaires au sein de la communauté portugaise du Luxembourg. Il verse en faveur de plusieurs associations de charité des donations de plus de 30 000 euros et financie directement l’achat de plusieurs chaises roulantes.
Aujourd’hui, Antero a 54 ans et la passion de l’écriture l’habite plus que jamais. Il dit qu’il n’a eu d’autre choix que d’embrasser cette écriture qui lui est tombée dans les bras de façon inattendue. Tous ses romans s’inspirent de faits réels qu’il retravaille sous forme de fiction. Antero écrit dans un style direct, avec une candeur et une humilité désarmantes. Les mots, les phrases et les idées sortent de son cœur et visent le cœur d’autrui. Cette sincérité fait que ses livres sont perçus avec beaucoup d’appréciation et d’émotion.
‘O menino e o anjo’, son plus récent roman, a été édité en juin dernier et a déjà été vendu à 700 exemplaires.
La foi et la spiritualité sont des composantes majeures des écrits de Antero Fernandes Monteiro, pour qui aujourd’hui plus que jamais les gens ont besoin de s’accrocher à des points de repère moraux.
En ce qui concerne sa vie en tant qu’émigré au Luxembourg, Antero déclare que ‘notre pays est celui où nous nous sentons bien et où notre vie fleurit chaque jour. Il est important de préserver ses racines, mais ce qui nous donne la force, c’est le pays qui nous donne notre pain.’

couple dans le parc de Merl



Il faisait bon en cette fin d'après-midi. Le photographe décida de faire un tour dans le parc de Merl. Il y avait une belle lumière dans l'air. Le photographe aperçut un homme et une femme qui se promenaient doucement devant lui. En les dépassant, il eut la nette impression qu'ils étaient portugais. Il les aborda en demandant: 'Excusez-moi, est-ce que vous êtes Portugais?'
Si on y pense bien, cette question aurait pu être offensante. Mais l'homme répondit gentiment que oui. Le photographe expliqua alors aux deux personnes qu'il aimerait les prendre en photo, parce que leur image de couple promeneur l'avait intrigué, et parce qu'il travaillait sur le thème des Portugais du Luxembourg. Le photographe savait que les Portugais en général ne refusent pas d'être pris en photo. Et ce couple ne fit exception. Pendant que les photos se faisaient, le photographe bavarda avec l'homme et sa femme. En cinq minutes, il connaissait leur histoire, un peu triste, un peu heureuse. L'homme avait la cinquantaine. Après avoir vécu une vie d'immigré au Luxembourg, il était reparti vivre au Portugal, suite à un divorce, circonstance qui, comme on sait, fait toujours mal. Là-bas, il avait connu cette femme plus jeune que lui. Ils s'étaient mariés. Cela faisait un an de cela. Comme la vie au Portugal était très difficile, le couple avait décidé de venir s'installer au Luxembourg. Pour lui, ce n'était que le retour à sa terre d'immigration. Pour elle, c'était une toute nouvelle expérience. Elle confia au photographe que ça faisait un mois qu'elle se trouvait au Luxembourg et qu'elle ressentait encore beaucoup de difficultés à s'adapter. Le climat. La séparation de la famille. Le manque d'amis.
Le photographe essaya de capter la délicate fragilité de ce couple en prise avec les difficultés de la vie. Sur la photo ci-dessus, il aime le sourire apaisé de l'homme et les mains inquiètes de la femme. Après quelque 30 minutes de conversation, le téléphone portable de l'homme sonna. C'était quelqu'un qui répondait à une petite annonce qu'ils avaient mis dans un journal. Ce quelqu'un cherchait justement un couple pour s'occuper de sa propriété, un concierge et une femme de ménage. En plus du salaire, il proposait nourriture et logement ...
Le photographe ne prit pas la photo de ce bonheur inattendu, mais le sourire fait d'espoir du couple restera à toujours gravé dans sa mémoire.